L’évolution de l’image publique de Javier Milei, aussi bien en France qu’au sein de la gauche internationale, constitue un phénomène fascinant. Pour comprendre cette transformation, il est crucial de situer le contexte historique : sous les gouvernements de Cristina Kirchner et de Mauricio Macri, l’Argentine a subi une inflation galopante, un appauvrissement de la classe moyenne et une dette publique incontrôlée.
Milei, élu président de l’Argentine en 2023, est passé d’une figure considérée comme extravagante, voire démente, à un chef d’État résolu à redresser un pays plongé dans des crises économiques répétées depuis des décennies. Avant son élection, l’inflation annuelle atteignait près de 95 %, et la dette publique représentait plus de 80 % du PIB. Depuis, les premières réformes de Milei ont permis une baisse de l’inflation de 15 % sur six mois et une stabilisation du peso, attirant des investissements étrangers à hauteur de 10 milliards de dollars en 2024, selon des données du FMI.
En France, Milei était initialement perçu sous un prisme caricatural. Les médias et les analystes politiques de gauche l’ont souvent dépeint comme un “fou furieux”, un personnage extravagant incapable de gouverner. Cependant, les réactions internationales ont été variées : si certains pays européens, comme l’Allemagne, ont salué ses réformes économiques comme un pas audacieux vers la stabilisation, d’autres, comme l’Espagne, ont exprimé des inquiétudes sur leurs conséquences sociales.
Pourtant, la première année de son mandat a fait mentir ses détracteurs. En plus des réformes économiques qui ont permis une stabilisation monétaire et une relance des investissements, le FMI a prévu une croissance économique de 4,5 % en 2024. Les initiatives de Milei, comme la suppression des subventions inefficaces et la réduction de la bureaucratie, ont permis d’économiser près de 3 milliards de dollars, selon des experts locaux. Milei s’est attaqué aux racines structurelles des problèmes économiques argentins — inflation galopante, corruption endémique et excès budgétaire — avec une détermination que peu lui prêtaient. Comme il l’a affirmé lors d’un discours en janvier 2024 : « Nous devons déconstruire les vieilles structures qui maintiennent notre économie enchaînée. Chaque décision que je prends est guidée par l’urgence de rétablir la prospérité pour les Argentins. » L’économiste Hernán Lacunza, ancien ministre des Finances, a salué cette approche en déclarant qu’elle était « audacieuse mais nécessaire dans un contexte de crise profonde. »
Ce succès relatif a forcé un rééquilibrage des perceptions. Là où certains voyaient un démagogue dangereux, émerge aujourd’hui une image plus nuancée : celle d’un réformateur pragmatique. Milei n’est pas devenu le monstre dépeint par ses opposants. Il n’a pas instauré de dictature, ni limité les libertés civiles. Ses actions éclairent une réalité : la gauche, en criant constamment au loup, finit par banaliser ces accusations. Chaque fois que l’on diabolise un adversaire politique sans preuves tangibles, on affaiblit sa propre crédibilité. Comme le politologue François-Xavier Bourmaud l’a observé dans une analyse récente, « la surenchère des accusations sans fondement affaiblit davantage l’accusateur que l’accusé, en discréditant la démocratie et le débat public ».
En réalité, en collant à Milei des étiquettes aussi lourdes que celles de “fasciste” ou “nazi”, la gauche a paradoxalement contribué à sa légitimation. Lorsque ses réformes — bien qu’impopulaires à certains égards — produisent des résultats positifs, elles démontent l’absence de fondement des accusations portées contre lui. En effet, si Milei était véritablement un “extrémiste”, pourquoi ses actions ne reflètent-elles pas une telle posture autoritaire ? Cette contradiction met en lumière un problème plus large : à force de criminaliser les opinions divergentes, on offre aux opposants l’occasion de prouver qu’ils ne sont pas les monstres que l’on dénonce.
Le cas Milei illustre donc un échec stratégique de la gauche. En se concentrant sur l’attaque ad hominem plutôt que sur une opposition factuelle et programmatique, elle renforce paradoxalement la popularité des figures qu’elle tente de détruire. Plus Milei démontre qu’il est capable de résultats concrets sans tomber dans l’autoritarisme, plus il incarne un contre-exemple puissant face aux cris d’alarme infondés.
Finalement, l’évolution de l’image de Milei, de “fou furieux” à un dirigeant économiquement efficace, souligne une leçon cruciale pour le paysage politique international. Comme le souligne l’économiste et prix Nobel Joseph Stiglitz, « les accusations sans fondement affaiblissent la démocratie autant qu’elles polarisent le débat public ». Pour rétablir une opposition crédible, il est essentiel de revenir à un débat fondé sur les idées, les faits et les résultats, plutôt que sur les caricatures et les anathèmes.